Excepté son littoral hostile, l'île de La Réunion est un réel enchantement pour ses paysages à couper le souffle. A La Réunion, on se lève tôt, très tôt et on se couche tôt car le soir tombe vite, plus vite qu'ailleurs. C'est un petit monde à part, avec ses coutumes, ses climats, son folklore, ses traditions culturelles dans tous les sens du terme. En plus de l'album photos, cette page raconte quelques éléments caractéristiques de la vie sur ce diamant perdu dans l'océan indien.
Dom's
Le relief de l'île
L'île de La Réunion fait partie d'un groupe d'îles situées au sud-est de
l'Afrique, dont la plus importante est Madagascar, les autres étant l'île
Maurice (proche voisine), les Seychelles (plus au nord) et la petite île
Rodrigues. D'une surface de seulement 71 km de long, La Réunion est une
île verticale, c'est une montagne dans l'océan indien, visible de tous les
endroits. Sur ce petit territoire se dresse un sommet, le Piton des Neiges,
point culminant à 3071 mètres. Autour de lui s'étirent d'autres sommets
dépassant les 2000 : le gros Morne (3019 m), le Grand Bénare (2898 m)...
Si la montagne est reine sur lîle, en revanche, les côtes ne sont pas
accueillantes du tout. Il ne faut pas aller à La Réunion en s'imaginant y
trouver des plages avec des cocotiers, c'est aux Seychelles ou à l'île Maurice
qu'existe ce type de décor. Les côtes réunionnaises sont très tourmentées, à
cause du relief volcanique, quant aux vagues, elles sont d'une violence inouïe
sur la majeure partie de sa périphérie.
L'île est essentiellement constituée de
trois cirques en forme de trèfle, d'un volcan (toujours en activité), d'une
plaine. On parle de deux parties bien distinctes : l'est (côte au vent), très
humide car sous le courant constant des précipitations arrêtées par la barrière
montagneuse, et l'ouest (côte sous le vent, il y en a peu), moins pluvieux (mais
très humide malgré tout).
Sur l'île, la nature est un vrai feu d'artifice de couleurs et de visages
différents : cirques grandioses, cascades, paysages de lave, forêts denses,
sommets acérés, horizons d'azur, l'ancienne île Bourbon porte aujourd'hui un
surnom qui lui va très bien : l'île intense.
Le climat
La variété des éléments propres à La Réunion se retrouve également dans le
climat. On pourrait dire qu'il y a autant de micro-climats qu'il y a de reliefs
différents. Par exemple s'il pleut à torrents à Plaine des Palmistes, il fait
une chaleur cuisante (le mot n'est pas trop fort) à Sainte Rose, à peine à 15
kilomètres. Il peut faire un grand ciel bleu et soudain, sans que l'on ait rien
vu venir, nous voici plongés dans un brouillard des plus opaques. La Réunion
détient tous les records de pluies. Dans le cirque de Salazie, à l'est, il peut
pleuvoir en une journée ce qu'il tombe à Paris en une année !
La grande frousse de la population, c'est le cyclone. De janvier à mars, toute
l'île est en alerte. On fait des provisions, on ne sort pas, on ne téléphone pas
et on reste l'oreille collée au transistor, attendant des nouvelles rassurantes.
Quand le monstre s'abat, les dégats sont surtout matériels car les Réunionnais,
à force de vivre avec, ont fini par s'en accomoder et s'organiser en conséquence. Après la tempête, les
nombreuses ravines déferlent alors leurs eaux boueuses pendant plusieurs jours,
et on débarasse la chaussée des branches, panneaux routiers, fils, poteaux et
tout ce qui a été emporté par les vents qui peuvent atteindre 200 km/h.
La faune
Aucun animal venimeux ou effrayant n'est à craindre sur l'île, excepté le redoutable
moustique vecteur du chikungunya qui y est apparu en novembre 2005.
La faune de l'île c'est aussi et surtout de magnifiques oiseaux. Le paille en
queue, oiseau blanc à la longue queue très fine, enchante le ciel de Mafate de
son vol majestueux. Le cardinal est une sorte de mésange au plumage rouge vif de
toute beauté. Un autre oiseau est assez répandu : le tisserin, dont les nids se
comptent par dizaines sur un seul arbre. Le nid du tisserin est une merveille
d'architecture. Il est confectionné telle une boule creuse d'une quinzaine de
centimètre faite d'herbe et de brindilles réellement tressées et suspendue à la
branche, l'entrée est une ouverture parfaitement ronde. Les tisserins sont très
actifs auteur de leurs nids.
Un autre oiseau, aujourd'hui disparu, est devenu l'emblême de l'île mais aussi
d'une bière : le dodo. Donc, selon le genre masculin ou féminin, "LE" dodo c'est
l'oiseau mais "LA" dodo, c'est la bière (L'enseigne l'annonce : "la dodo lé la",
in french : "ici on sert de la bière Dodo").
La flore
Avec la diversité de sa flore, La Réunion est un jardin botanique, une serre à
ciel ouvert. Ici, les bougainvillées poussent comme de l'ordure. Certaines
fougères, les "fanjans", atteignent une hauteur de 15 mètres. Le vacoa, arbre
très caractéristique de l'île, est reconnaissable à ses racines aériennes et
dont l'intérieur constitue un plat très savoureux. Les arbres à litchees (que
les Réunionnais appellent Pied-litchee) étalent leur abondant feuillage en
bordure de route. En décembre, les flamboyants déploient leur rouge de toutes
leurs branches. Parmi les arbres les plus courants, notons le tamarin, similaire
à notre pin commun.
Sur l'île, certaines plantes invasives sont cataloguées en peste végétale, comme
le goyavier ou la vigne marronne. A cause de son étendue et sa couverture
opaque, cette plante tentaculaire est un parasite pour la végétation, comme une
draperie végétale, elle recouvre et asphyxie tout.
La route des tamarins
La route sinueuse qui monte à l'incontournable point de vue sur le cirque de
Mafate, le Maïdo, propose quelques jolis détours. Si l'on prend le loisir de la
quitter à un carrefour (et de prendre à droite), on emprunte une route
forestière, très bien entretenue, appelée la route des Tamarins. Fréquentée par
les vététistes, les promeneurs et bien sûr les randonneurs, cette petit route
bucolique invite au repos et au pique-nique tant les aires aménagées sont
nombreuses.
A La Réunion, le pique-nique est une institution, aussi rien ne manque pour
permettre d'installer confortablement le convive : tables, bancs, kiosques,
poubelles mais également le foyer pour faire du feu et chauffer la marmite.
Chacune de ces aires est délimitée par une barrière en bois et s'étend sur une
verte pelouse que les pluies (et l'ONF) entretiennent.
Les fruits
Star de La Réunion, l'ananas Victoria est indétrônable ! C'est le meilleur au
monde. Il est divin. Après l'avoir goûté, Dieu que les autres paraissent acides
et insipides ! Il est cultivé et récolté sur l'île. On en trouve en grande
quantité, pour pas cher, sur les étalages dressés au bord des routes. Et au
marché de Saint Paul bien sûr. Mais un autre fruit se dispute le trône : le
litchi. Il existe plusieurs ortographes à ce fruit : litchi, mais aussi letchi,
ou encore lytchee, voire lychee... en fait on l'écrit un peu comme on veut.
Récolté à la fin de l'année, le litchi pousse en grappes sur de grands arbres,
les pied-litchi (et non litchier) que l'on voit en abondance dans la région sud
de Plaine des Palmistes. Il est vendu généralement avec ses branches, pour
prolonger sa durée de conservation. Quant aux bananes, la banane de La Réunion
est à la banane commune, ce que l'ananas de La Réunion est à l'ananas commun.
La canne à sucre
La canne à sucre c'est la raison d'être de l'île. De sa culture dépend toute son
histoire et toute son économie. Les champs s'étendent à perte de vue, sur la
quasi totalité de l'île, mais plus à l'est qu'à l'ouest toutefois. Avec la canne
à sucre, on fabrique bien sûr le sucre (tout le monde a sur sa table du sucre St
Louis) mais aussi le rhum. La culture de la canne à sucre remonte au 18ème siècle, sous la
colonisation et l'esclavage, quand l'île s'appelait Bourbon. La récolte de la
canne se fait encore à la main, comme celle du raisin en métropole. A l'aide
d'un coupe-coupe, le coupeur de cannes a une technique très rapide et un savoir
faire qui lui vaut parfois quelque prix lors de concours. Si l'on machouille
l'intérieur fibreux d'une canne dont on a cassé un morceau, on s'aperçoit à quel
point cette plante est sucrée.
Le rhum
Le Rhum est à La Réunion, ce que le vin est en France. On le consomme
sans modération, à l'apéritif, dans la cuisine, toutes les occasions sont bonnes
pour faire couler l'élixir local. Issu de la canne à sucre, le rhum est associé
au sucre, ainsi les distilleries cotoient-elles les usines sucrières. Il existe
de nombreuses variétés de rhum, le rhum Charette, commun et bon marché, mais
aussi d'autres alcools plus fins et délicats, tel le rhum Savanna, incomparable
nectar.
Il existe un sport national : le rhum arrangé. Il est préparé à partir
de rhum blanc dans lequel on laisse macérer fruits et écorces diverses pendant
plusieurs mois (avec du sucre de canne bien sûr). On compte une quantité infinie
de rhums arrangés à la mesure des recettes de chacun, transmises de génération
en génération. Parmi les plus savoureux : le rhum ananas, le rhum letchi, le
rhum goyavier, le rhum combava (petit citron vert), le rhum carambole... Le rhum
arrangé est conditionné, non pas en bouteille, mais dans de grands bocaux de 2
ou 3 litres (voire plus). Au moment de l'apéritif, les différents bocaux et
arrangements sont alignés sur la table et à l'aide d'une petite louche, chacun
se sert à volonté (ou avec Maud Hérassion).
Le cari
Sur l'île, il est un plat aussi incontournable que succulent, le cari. Tous les restaurants
et les gîtes en proposent. Il existe tellement de façons différentes d'accomoder
le cari qu'on peut en manger tous les jours. Il est constitué de 4 éléments
indissociables : la viande (souvent du poulet) ou le poisson, le riz, le grain
et le rougail. Le grain, c'est ainsi que les Réunionnais désignent les haricots
ou les lentilles (de Cilaos bien sûr !), généralement baignant dans une
onctueuse sauce de cuisson. Le rougail est le condiment préparé et servi dans un
bol, il est assez épicé. La façon de servir le cari est méthodique : dans
l'assiette on met d'abord le riz, puis on recouvre ce riz avec le grain, ensuite
on met la viande et enfin le rougail. Ici, le dessert n'est pas usuel, tout
comme l'entrée. Mais si entrée il y a, elle peut être composée de délicieux
bouchons (farce enrobée de feuilles de riz) ou d'un gratin de chouchous. Légume
emblématique de La Réunion, cette grosse cucurbitacée en forme de poire se
cuisine à toute les sauces mais c'est en gratin que le chouchou révèle toutes
ses qualités gustatives. Quant au dessert, on peut servir de délicieux ananas,
des litchis, voire du gâteau aux patates.
Le belvédère du Maïdo
Parmi les sites incontournables de l'île, il en est un que l'on ne peut pas
laisser de côté, c'est le belvédère du Maïdo. Car il "vaut le détour" cet
endroit que vous recommandent avec force arguments tous ceux qui sont allés sur
l'île de La Réunion. Situé à 2203 mètres d'altitude, le point de vue sur le
cirque de Mafate est exceptionnel. Mais attention : pas la peine d'y aller après
8 ou 9 heures du matin, on ne verra plus rien à cause des nuages qui bouchent
quasi instantanément le paysage. Il faut donc affronter les lacets très tôt au
lever du jour pour espérer voir ce majestueux panorama que tant d'appareils
photos ont immortalisé. Le parking est vaste, mais pas assez cependant car on
tombera toujours sur le bidochon de service qui gare sa grosse voiture de
location au pied du sentier d'accès.
Les Mafatais
Les habitants qui résident dans les quelques ilets perdus au fond du cirque de
Mafate, disposent d'un statut très particulier. Bien que les conditions de vie
soient proches de celles des ermitages, puisqu'on ne peut s'y rendre qu'à pied
(parfois en hélicoptère), pour rien au monde ils n'iraient vivre ailleurs. Cette
vie en autarcie est possible grâce aux cultures, à l'élevage de volaille, aux
panneaux solaires, aux quelques gîtes d'étapes très prisés par les randonneurs,
et bien sûr à l'eau pure qui ne manque pas. Dans ces petits lieux de vie loin du
monde, on trouve pourtant tout le nécessaire : des boutiques, des écoles, des
églises... De la construction au mobilier, en passant par les installations,
tout a été amené à dos d'homme et d'animaux. Le statut de Mafatais est très convoité, il est presque aussi difficile de devenir Mafatais que de devenir Monégasque !
Saint-Gilles
Tel le petit Saint Trop' de La Réunion, St Gilles est considéré par les
Réunionnais comme un z'oreilles land, autrement dit le point de rassemblement
des "métros". Il est vrai que le cachet de cette bourgade un peu différente des
autres est très agréable, tout y est aménagé pour que le touriste s'y sente à
l'aise et désire y prolonger son séjour. Les boutiques sont avenantes et
certaines très typiques, telle la case Chez Loulou. Mais ce cocon douillet dans
lequel se complait le touriste est très mal situé géographiquement des grands
sites incontournables. De plus, il est quotidiennement soumis aux embouteillages
légendaires.
Un quartier nouvellement construit regroupe un port de plaisance, des hôtels
confortables, quelques restaus chics et des clubs de sports. Mais cette Marina
s'éloigne complètement de l'âme de l'île. C'est un peu un miroir aux
alouettes... pardon, aux aigrettes. N'empêche que c'est mignon comme tout.
Le cirque de Cilaos
Avec son aspect de village de montagne, avec son accès difficile, avec ses
sommets qui l'entourent, les plus hauts de l'île, Cilaos évoque ces villages
perdus et isolés comme on pourrait en rencontrer au Tibet ou dans la Cordillère des Andes.
Cilaos propose ses dentelles, son vin et... ses lentilles ! Ah les lentilles de
Cilaos !
Cultivées dans le cirque et particulièrement à Ilet à Cordes, on les déguste sur
place, dans leur décor, là où elles ont poussé, là où on les a cueillies. Le
cultivateur réunionnais, selon les saisons, alterne ses cultures : lentilles,
mais aussi maïs, vigne, cacahouètes, combavas...
La route qui mène à ce bout du monde est sans cesse soumise aux violences des
éléments, elle devient très aléatoire par endroits. Appelée "route des 400
virages" (500 selon certains guides, on n'est pas à une centaine près), elle
n'est toutefois pas plus terrible en termes de lacets que la départementale qui
relie St Joseph au Tampon. Malgré cet itinéraire précaire de 30 tout petits
kilomètres, on y croise à tout moment nombre d'autocars et de poids lourds,
croisements délicats, qui se négocient toujours. Mais ce léger parfum d'aventure
ne fait qu'ajouter un peu de piment au séjour, tel un épice qui relève un plat.
Le Piton de la Fournaise
Le piton de la Fournaise constitue la plus belle attraction naturelle de l'île.
Ce volcan, toujours en activité, est de type effusif et non explosif. Il s'agit
d'un volcan basaltique qui laisse couler sa lave mais ne l'envoie pas dans les
airs à grands coups de nuées ardentes. La Fournaise est sous surveillance
permanente, grâce à une quantité de capteurs, les spécialistes surveillent ses
humeurs. On pourrait dire qu'il est le volcan le plus surveillé du monde, non
qu'il soit dangereux, mais ses
caractéristiques en font un des plus passionnants. Ses éruptions ne causent pas
de gros dégats mais elles modifient le paysage qui, lentement s'adapte. L'île se
transforme, comme aux premiers jours de sa création, comme si elle n'était pas
encore achevée, tant que l'un de ses géniteurs travaille encore.
L'aventurier qui désire arpenter le sentier torride qui encercle le cratère
Dolomieu ne peut éviter le Pas de Bellecombe, seul point d'accès. Bellecombe est
un site à lui seul. Parking, table d'orientation (fabriquée dans le Puy de
Dôme), kiosques d'information, et bien sur bélvédère très étendu sur la bête,
tous les ingrédients sont réunis pour prolonger l'instant en de savoureuses
observations.
Hell Bourg
Blotti dans le cirque de Salazie, Hell Bourg est un paisible village où on
découvre les plus belles cases créoles. Au nombre de 18, elles font partie d'un
circuit spécial dont la plus belle, la maison Folio, est devenue un musée
architectural. Il y a plus d'un siècle, à la belle époque de sa station thermale
alors très active, le village voyait arriver une certaine aristocratie qui
construisit de belles demeures. Autant de cases qui subsitent encore et ont été
restaurées, tel un patrimoine, conférant ainsi à Hell bourg son label de "plus
beau village de France".
La forêt de Belouve
Située dans le cirque de Salazie, la forêt de Belouve surprend par la densité et
la variété de sa végétation. Une vraie jungle. Les sentiers sont assez nombreux
et très boueux à tel point qu'il arrive de croiser des randonneurs crottés
jusqu'à l'os. Une partie de la forêt a d'ailleurs été aménagée par l'ONF en une
longue passerelle qui évite bien des déconvenues. Hélas, les dernières centaines
de mètres pour accéder au (pitoyable) point de vue sur le Trou de fer sont assez
innommables.
Le Trou de Fer
Le Trou de fer, déformation de trou d'enfer, est un gouffre de 250 mètres dans
lequel les cascades y jettent leurs eaux en de longues et interminables chutes.
Aucun sentier ne permet de parvenir au fond. Seuls, les adeptes du canyoning ou
les sportifs accomplis peuvent tenter l'aventure.
Le littoral
La Réunion ne brille pas par ses plages. Ses côtes, déchiquetées et soumises à
l'incroyable violence de l'océan indien, sont hostiles à plus d'un titre. Les
plages y sont rares et à certains endroits, la roche volcanique rend le littoral
inabordable et très dangereux, comme au gouffre de l'Etang Salé où les vagues
s'engouffrent dans un chenal de basalte et explosent dans un vacarme qui fait
peur.
La France
A La Réunion, on ne dit jamais la France pour évoquer l'héxagone, mais la
Métropole, parce qu'ici, on est en France, plus précisément dans le département
97, situé à 10000 kilomètres de tous les autres. Les Métropolitains sont
appelés par les Réunionnais les métros, voire les zoreilles, terme
créole.
Les religions
Ici, les Dieux font bon ménage. Jésus, Bouddah, Shiva, Allah... et tous
les autres, se partagent équitablement les fidèles. Chacun y va de sa petite
prière. On prie beaucoup à La Réunion. Personne ne s'aviserait de s'abandonner
au boogie boogie avant les prières du soir. Les nombreux édifices religieux sont
pimpants et fleuris. Comme ils doivent s'y sentir bien quand ils descendent de
leur nuage, nos Dieux. Car le Réunionnais est un hôte tellement remarquable
qu'il ne pouvait que réserver une place de choix au Créateur, en témoigne la
superbe église de Sainte-Anne ou le temple Tamoul de Saint-André.
Les embouteillages
Il faut aller à La Réunion pour savoir ce qu'est vraiment un embouteillage.
Entre Saint Denis et Saint Paul ou Saint Gilles, on n'avance pas. Aux heures de
pointe, il faut compter environ 2 heures pour faire 30 kilomètres. Sur la
Nationale 1, qui ceinture l'île en passant par tous les saints du calendrier,
les voitures forment par endroit de longues files immobiles qui s'étirent sur
des dizaines de kilomètres. Et ce, chaque matin et chaque soir. Le Métropolitain
qui vient de quitter l'aéroport et s'engage dans la horde est alors abasourdi.
Pas un coup de klaxon, pas un appel de phare, la patience revêt ici une forme
héroïque.Cette densité automobile est due au fait que le réseau routier de La
Réunion est restreint, d'une part à cause de la superficie du territoire et
d'autre part à cause de la configuration géographique.
L'environnement
L'environnement ne représente pas une priorité, simplement parce qu'il n'est pas
directement menacé. Pas d'usine chimique, pas de raffinerie, pas de centrale
nucléaire, pas de rejets nocifs, pas ou peu d'amiante, rien qui puisse nuire à
la nature. Donc la population n'est pas sensibilisée comme c'est le cas dans les
pays industriels, gros générateurs de pollution. Car c'est bien là où la
pollution est inquiétante que les mesures environnementales sont les plus
drastiques. Le battage concernant les rejets susceptibles de réchauffer la Terre
n'a pas trop d'échos à La Réunion.
Les chiens
Un problème propre à La Réunion concerne les chiens. C'est le point obscur de
l'île. On les aperçoit au bord des routes (comme les décharges sauvages),
errant, parfois réduits en charpie et dont les dépouilles s'étiolent sur la
chaussée à force d'être laminées par les voitures. Ici, on n'éprouve aucune
affection particulière pour cet animal de compagnie. Le culte du
chienchien-à-sa-madame qui roupille dans le plumard de sa maîtresse est
inconcevable à La Réunion. Qu'un chien erre affamé sous une pluie battante n'a
aucune incidence sur la corde sensible du Réunionnais. Le chien ne fait pas
l'objet d'un culte, comme en Métropole où l'on dépense des fortunes pour son
bien-être, en élevage, toilettage, dressage, publicités, alimentation, etc. A
cause de sa surpopulation, cet animal pas vraiment désiré a fini par être
utilisé comme appât vivant, pour la pêche aux requins.